mardi 7 décembre 2010

Les archives à tonton (part1)

EFTERKLANG: Electroni[K] festival, Rennes 18 oct 2007





Premier constat: la salle Le Tambour à Rennes n'est pas à proprement parler une salle adaptée aux concerts rock mais bien un superbe auditorium (qui fête ses 10 ans cette année) plus souvent voué au classique et à la musique contemporaine. Les confortables fauteuils de velours vous ôtent toute envie de tenter le moindre début de pogo, ils vous enveloppent comme un cocon et bien fortiche celui qui réussira un headbanging...

L'idée de devoir subir une interprétation de Stockhausen en ouverture de soirée me glaça le dos mais me concentrant sur le seul son diffusé par les multiples enceintes, je dois avouer que j'ai pris pas mal de plaisir à l'écoute (certes, il a fallu faire abstraction des poses des musiciens, complètement hors contexte dans le cadre de ce type de festival).


Le temps de descendre vers les premiers rangs, de regarder le groupe installer ses instruments et de saluer Anna, la prestation de Peter Broderick put commencer.

Étonnant garçon que ce Peter, natif de l'Oregon et très récemment adopté par notre combo danois: armé d'un piano, d'une guitare, d'un violon, d'une scie musicale et d'un tuyau de machine à laver, notre jeune songwriter ne la joue pas Remi Bricka. Non, il sample chaque instrument l'un après l'autre et en les empilant crée d'étonnantes harmonies.

Pas clair? Ok, je m'explique, voilà en gros, comment ça marche: d'abord il joue quelques notes de piano qu'il enregistre. Puis repassant cette bande il joue par dessus d'autres notes. Là encore il sample. Ensuite viennent des accords de guitare et/ou de violon, puis des voix et des choeurs etc...

Tout amusant que soit ce système, il serait vite laborieux à suivre avec des chansons médiocres. Ici ce n'est pas un artifice, les chansons de Broderick sont finement ciselées et le garçon met beaucoup de cœur dans sa performance. Le clou de son show fut évidemment pour moi la reprise d'un titre d'Our Broken Garden « my kinship » qui visiblement surprit Anna Brønsted, chanteuse originelle du dit titre et qui accompagne Efterklang sur la tournée en tant que pianiste-chanteuse.

Des applaudissements nourris récompensèrent sa prestation et c'est visiblement ravi qu'il quitta la scène.


C'est vêtus d'une tenue vaguement ridicule que les cinq garçons d'Efterklang arrivèrent sur scène, accompagnés de Peter Broderick au violon (lui aussi affublé de cette étonnante combinaison chemise noire/culotte bouffante et chaussettes aux genoux), d'Anna au piano et d'une joueuse de trombone à la délicieuse moue boudeuse. Casper au chant et aux percussions me sembla dans un état bien second et c'est avec une mine hilare qu'il s'égosilla pendant tout le concert.

Un concert d'Efterklang c'est un peu comme leur musique: impossible à décrire. Comment définir ces chansons à la croisée des chemins entre les évasions sonores d'un Sigur Rós , les bidouillages electro des premiers Múm, les harmonies post-rock de A Silver Mount Zion, l'énergie possédée d'Arcade Fire et la fanfare du carnaval de Dunkerque? A t-on déja entendu un tel mélange de voix typiques de la pop scandinave, d'harmonies aériennes et de déflagrations sonores?

Ça gueule, ça susurre, ça souffle, les différents éléments se mélangent de manière quasi magique pour aboutir à une musique à la fois rêveuse et bien au ras du bitume quand il s'agit de partir dans des séquences ouvertement noisy.

Dire que nos huit compères ont assuré un excellent spectacle n'est pas mentir: une heure (deux, trois? Impossible à savoir tant j'étais immergé) de pur plaisir à la fois sur scène et dans la salle.

Cette tournée automnale étant la première du groupe depuis plus de deux ans, ils étaient ravis d'être là et de constater que les longues semaines de répétitions avaient été tout à fait concluantes, pas un seul couac n'est venu parasiter le spectacle qui a de plus bénéficié de l'environnement sonore de la salle (aucune saturation, chaque instrument, chaque voix était parfaitement distinct et intelligible).


Le groupe avait pioché dans le répertoire de ses deux albums et des ses deux Ep, permettant au public d'entendre toute l'étendue de leur univers et pourtant mon voisin de droite me dit que finalement ça ressemble beaucoup trop à Sigur Rós .... je sais bien que quand on ne connait pas un artiste on a le réflexe à le rapprocher d'autres plus familiers mais là, après ce concert on ne pouvait qu'être ébahi par la profonde originalité de l'univers d'Efterklang, baroque et aérien, délicat et brouillon (et encore les projections vidéo étaient restées à Copenhague)



Grande et belle soirée donc qui se poursuivit avec le DJ-VJ Murcof mais beaucoup de gens avaient rendu le dossard après la sortie de scène de nos Danois. A noter que cela semble être une spécialité nationale de grandement vider une salle après un concert, Under Byen ayant anéanti le show suivant de Yann Tiersen de la même manière lors du Festival Rockomotives de Vendôme il y a à peine un an....

Et voila la setlist du concert:
polygyne
mirador
himmelbjerget
jojo
maison de reflexion
horseback tenors
caravan
step aside
--------
chapter 6

Une gentille petite vidéo


De gentilles petites photos:

Peter Broderick









toutes les photos sont à mettre au crédit de
Ronan THENADEY

mercredi 1 décembre 2010

UNDER BYEN LIVE @DR Konserthuset, Copenhagen nov 27 2010




Avertissement: toute trace d’objectivité ou de prise de recul serait une coïncidence tout à fait navrante.



Lorsqu’en arrivant à Copenhague le 25 novembre je suis allé faire des emplettes chez l’excellent disquaire Route66 j’ai cru sentir une réelle excitation dans la voix du vendeur quand il m’a parlé du show d’Under Byen le surlendemain.

Plus tard à Aarhus mon ami Lars me fit part de son intention de contrarier ses plans pour pouvoir assister à ce même show… Hmmmm sachant que le bougre avait déjà des dizaines de concerts du groupe à son actif, cela sentait bigrement bon !!!

Encore plus tard je discutai avec Anders Stochholm (guitare, claviers, chœurs, harmonica etc) et il m’annonça que plus de mille tickets avaient d’ores et déjà été vendus ce qui pour un groupe de ce calibre équivaut à remplir Bercy !!!

Mon quatorzième concert du groupe prenait donc des allures de consécration tant pour ma persévérance de fan que pour celle de ces merveilleux musiciens !!


J’ai eu la chance de faire le voyage entre Aarhus et Copenhague dans le van du groupe. Ce sont certes de vrais Scandinaves donc la placidité restait de mise mais au fil des conversations j’ai pu sentir une tension discrète qui commençait à monter.

C’est en arrivant dans l’enceinte de la Konserthuset que j’ai pu comprendre en quoi le concert avait tout pour être exceptionnel. Conçu par l’architecte Français Jean Nouvel (cocorico !!) cet énorme cube bleu perdu dans une zone en construction autour de l’Université de la capitale abrite en son sein une fabuleuse salle de concert de 1800 places dont l’esthétique et l’acoustique sont tout bonnement magiques.

Comme une joie arrive rarement seule j’étais d’autant plu heureux que mes amis Aude et Thomas avaient fait le déplacement à Copenhague pour assister à ce concert. Leur persévérance méritait elle aussi d’être récompensée.



Les musiciens d’Under Byen sont des gens sensibles et intelligents, ils mettent un point d’honneur à ne jamais jouer le même set deux soirs de suite et à ne pas répéter les mêmes erreurs. Si les chansons ont été plus ou moins les mêmes (suite à différents aléas le groupe n’a pas pu répéter dans les meilleures conditions et ne disposait pas d’un catalogue de chanson très étoffé) l’effet sur le public a été tout à fait différent. La veille à Aarhus ils avaient eu tendance à un peu trop pousser les potins de volume et avaient fait fuir quelques spectateurs. En effet on ne peut pas jouer de la même manière selon que les spectateurs sont debout ou assis. Debout, le public aspire l’énergie et un petit excès de volume ne peut pas faire de mal.

Ce soir à Copenhague et puisque le public était de nouveau assis, le groupe a bien baissé le son sans pour autant perdre la moindre once de cette tension qui a fait sa marque de fabrique en live.

Dés le premier titre Kapitel 1 Under Byen a pu faire l’étalage de sa classe. A la très belle intro de cordes succède très vite des accords de guitare menaçant et des voix lointaines qui mettent de suite dans l’ambiance de ce que sera ce spectacle : un habile dosage entre richesses des arrangements et des harmonies, brutalité des sonorités et maîtrise instrumentale.

Je ne sais pas si les membres du groupe en sont conscients mais malgré le manque de répétitions qui a marqué cette tournée automnale ils semblent avoir atteint une belle plénitude, leur art n’a jamais été aussi abouti.

Loin de se reposer sur leurs lauriers ils considèrent chaque nouveau concert comme un nouveau défi. Ce qui est souvent juste une simple formule chez pas mal de musiciens est une lapalissade concernant Under Byen. La preuve la plus flagrante de ce besoin d’évoluer se voit à travers le travail qu’ils ont fournit sur l’aspect vocal des chansons : les harmonies de Sara Saxild et les chœurs distordus d’Anders et Nils Gröndahl
sont devenus imparables et apportent une touche plus sombre au dispositif déjà peu enclin à la rigolade.

Immobile derrière son pied de micro Henriette Sennenvaldt semble parfois absente mais quand on l’écoute chanter il ne fait aucun doute qu’elle vit l’instant à fond. Cette concentration et cet investissement de chacun sont palpables et ils n’ont pas besoin de parler pour transmettre au public cette folie qui les habite. Ce reproche que l’on fait parfois à Under Byen de ne pas communiquer semble infondé tant tout est transmis pendant l’interprétation des titres. Cette distance volontaire est à mon sens très cohérent et une force supplémentaire dans la mise en scène du groupe vouée à créer du mystère et du bizarre.

Du mystère et du bizarre on y eut droit pendant tout le concert, le groupe alternant le calme (Plantage, 8) et les escapades bruitistes (l’inébranlable Pilot). Le point d’orgue fut une fois de plus le classique Film og Omvendt, sans doute une des chansons les plus incroyables jamais jouées sur une scène. Et lorsque comme c’était le cas ce samedi le son est nickel les sons se dessinent parfaitement et s’entre choquent pour aboutir à une fin du monde jouissive !!!



Après quelques quatre vingt minutes le groupe finit son récital par un Unoder absolument parfait et véritable synthèse du son Under Byen.

Morten Svenstrup se sentait comme un gladiateur entrant dans l’arène avant le concert. Qu’il soit rassuré, les applaudissements massifs du public signifièrent non seulement la grâce populaire mais encore plus la reconnaissance pour un spectacle de toute beauté.


Une fois de plus Under Byen aura donc confirmé son statut potentiel de « meilleur groupe live du monde » et il me tarde de revoir le groupe dés l’année prochaine…


Setlist (aka "the best setlist ever"):
Kapitel1
Pilot
Plantage
Heftig
Protokol
Den her sang handler om at
det
Film og omvendt
8
Konstant
Af samme stof som stof

Rappel:
Det er mig der holder traerne sammen
Unoder


















lundi 29 novembre 2010

Under Byen, live Aarhus 26 nov 2010


La Guiness est une bière dont on peut se régaler un peu partout dans le monde. Elle est partout la même, sortie des mêmes fûts quelque part à Dublin. Et pourtant tous ceux qui ont fait l’expérience s’accordent à dire que c’est dégustée dans un bon pub Dublinois qu’elle dégage le meilleur de ses arômes.
Cela n’a probablement rien de rationnel et n’ayons pas peur des mots, la rencontre du produit et de son environnement naturel relève de la magie.

Il en est de même pour les groupes Danois et en l’occurrence pour Under Byen.
Plutôt que l’exemple de la bière j’aurais certes pu faire l’analogie avec les grands singes qui semblent si pathétiques à voir enfermés dans des zoos alors que lâchés dans la jungle Congolaise ils dégagent une grâce infinie. Oui, j’aurais pu mais faire le rapprochement entre la divine Henriette Sennenvaldt et un gorille m’a semblé pour le moins goujat c’est pourquoi j’ai choisi la Guiness (ce qui est tout de suite autrement plus élégant).


Voir Under Byen évoluer en ses terres est une expérience inouïe, un trip émotionnel unique pour le fan pathologique que je suis. J’avais déjà réalisé ce voyage en 2007 et assisté à trois shows ; il me tardait depuis de rééditer ce pèlerinage.
Une tournée automnale du groupe un peu partout au Danemark a été l’occasion rêvée et ce d’autant plus que deux dates se succédaient à Aarhus puis Copenhague les 27 et 28 novembre. Je n’avais jamais mis les pieds dans la première ville et Copenhague était un rendez-vous inévitable. J’ai donc coché ces deux dates et m’en suis envolé vers les austères contrées nordiques tout juste armé de mon appareil photo et d’une motivation sans faille. Car rien à faire et même après avoir vu une douzaine de concerts d’Under Byen mon enthousiasme quasi juvénile est toujours intact et l’excitation palpable dés que les lumières s’éteignent et que les premières notes commencent.

Rien ne semblait devoir gâcher cet événement puisque même la météo a développé des trésors d’inventivité pour permettre au touriste lambda d’immédiatement s’immerger dans une ambiance nordique : froid et neige m’attendaient dés la descente de l’avion, offrant à la vue une Copenhague de carte postale certes terriblement cliché mais absolument délicieuse. Une promenade nocturne et glaciale à la rencontre de la petite sirène finit de m’immerger dans une ambiance propice à cette délicieuse mélancolie qui émane de la musique d’Under Byen.

Et puisque l’on parle de musique, allons-y pour les deux concerts. Le concert du vendredi 26 avait lieu à la splendide Muzikhuset de Aarhus dans une des ses nombreuses salles de spectacle, en l’occurrence la Rytmisk Sal (450 places assises).

Je me méfie des concerts solo qui ont parfois tendance à me plonger dans un ennui poli. Heureusement ce n’est pas une règle définitive et je dois dire que seul sur scène, le très sympathique Rolf Hansen a ravi le public en ouverture de soirée avec les chansons délicates de son projet Il Tempo Gigante. Une très belle découverte que cet homme-orchestre qui se sample en live pour aboutir à des morceaux d’une grande richesse. Ahlala qu’elles sont belles ces voix qui s’ajoutent au fur et à mesure pour obtenir des trésors d’harmonie et de douceur.
J’avais beau attendre Henriette et ses amis avec impatience, la grosse demi-heure en compagnie de ce génial troubadour m’a semblée bien trop courte. J’espère que le bonhomme pourra un jour venir nous visiter en France
En attendant, un premier album est en chargement sur itunes. Vivement qu’il soit disponible dans un format physique !!


Stine Sorensen manque toujours à l’appel à la batterie, toute occupée à élever ses enfants et à suivre des études, et c’est donc en sextet qu’Under Byen a donné ce concert comme depuis le début de l’année. Morten Larsen a comblé cette absence en faisant ses parties classiques plus les percussions généralement jouées par Stine.
L’absence d’une deuxième batterie m’avait gêné lors des concerts de Bruges et Paris en mars. Cette fois il me semble que le groupe a réussi à palier cette perte en grande partie grâce au travail de Morten toujours impeccable derrière les fûts. J’ai d’ailleurs passé la majeure partie du concert à le regarder jouer. Aujourd’hui seul son talent éclate au grand jour, c’est amplement mérité. Son jeu humble fourmille de détails et de trouvailles passionnantes à décortiquer.
J’espère revoir un jour Stine dans le groupe mai je ne parierais pas beaucoup sur cette possibilité.
La prestation de ce soir a encore été de grande qualité, le groupe insuffle toujours cette intensité sans égale dans chacune de ses concerts, quels que soient les problèmes qui peuvent venir les perturber ici ou là. La basse de Sara Saxild a gagné en lourdeur depuis Al ter tabt et ses lignes bien claquées assurent un groove finalement assez récent chez Under Byen. Les autres membres ont assuré leur partition avec une mention spéciale à Nils qui s’est déchaîné sur « Unoder », comme possédé. Henriette, toujours effacée et perdue derrière les fumigènes a parfaitement joué son rôle d’âme insaisissable. Sa présence si énigmatique et farouche est définitivement et paradoxalement un atout dans le dispositif visuel du groupe.
Ce fut donc un concert classique d’Under Byen avec néanmoins un bémol en ce qui concerne le volume sonore. J’ai ainsi vu pas mal de gens se boucher les oreilles, voire quitter la salle lorsque le groupe a joué ses parties les plus puissantes ( Film og omvendt a encore été apocalyptique avec ses lumières aveuglantes)

Setlist :
Konstant
Pilot
Plantage
Onkel
Film og omvendt
Af samme stof som stof
Protokol
Heftig
Kapitel1
Det er mig des heolder Traerne sammen

Rappel:
8
Unoder


Setlist Il tempo Gigante:
Level Up
Blue Bird
Lost Something Good
She Is The River



Il tempo Gigante













Les premières images sont de moi à l'exception de la première et de la dernière qui sont de Michael Boe Laigaard

jeudi 18 novembre 2010

Our Broken Garden à L'Européen, 16/11/2010


Qui dira le bonheur de vivre dans une région musicalement sinistrée ?
Pas moi, faut quand même pas abuser.
Ceci posé et comme je suis d’humeur très positive en cette saison chaude et ensoleillée, je trouve que cette carence en concerts de qualité a pour intérêt de ne pas blaser l’amateur de salles obscures.
C’est donc avec une excitation toute juvénile que je me suis préparé à la venue d’Our Broken Garden à Paris ce 16 novembre 2010. Combien de « yahoooo ! » et autres « yiiiipee ! » ont ainsi fleuri sur mon mur facebook accolés à des liens évoquant ce show (j’ai arrêté de compter à 350 rien que pour les 3 jours précédant l’événement)?

La formation live de nos Danois préférés est variable selon les concerts et ce soir c’est la formation classique qui nous était proposée avec Anna Brønstedt (chant), Søren Bigum (guitare), Moggie Johnson (basse) et Poul Terkildsen (batterie).
En trente minutes chrono (première partie oblige) OBG a dévoilé les titres de son nouvel album, Golden Sea, récemment sorti sur le label Bella Union. Un album certes un peu plus punchy que le précédent mais toujours empreint de cette atmosphère vaporeuse, onirique et vaguement inquiétante sur laquelle s’est bâtie l’identité du groupe.

Sans être doué d’un quelconque don de télépathie je pense pouvoir affirmer que le nombreux public de l’Européen a été conquis par la prestation du groupe. D’ailleurs, comment aurait t’il pu résister à la finesse des mélodies et à la douceur des arrangements si typiques de ce courant pop venu du Nord ?
Anna est une chanteuse magique qui séduirait le pire fan de death metal avec son filet de voix si pur et si fragile. Elle fait partie des artistes qui ont ce don de pouvoir s’affirmer sur scène tout en gardant beaucoup de discrétion. C’est ce savant mélange de douceur et d’assurance qui lui permettent d’emmener le public dans ses rêves sombres mais jamais tristes. Ses trois compères ne sont pas en reste et accompagnent à merveille ce voyage.

Bref ce fut un concert magnifique mais bien trop court (7 ou 8 titres c'est rageant). On ne peut plus souhaiter à Our Broken Garden que de revenir nous voir en tête d’affiche pour nous assurer un spectacle entier qui à coup sur nous refera décoller et voler haut, très haut.

Et la tête d'affiche en question dans tout ça?
Eh bien la star de la soirée était la douce folkeuse Américaine Emily Jane White. Une belle prestation (quelle voix!) mais un manque d'énergie un peu lassant à la longue. Un peu plus de patate n’aurait pas nui à ses jolies mélodies.










Les photos du concert a été faite par Sarah du site le Hiboo. Merci à elle pour ces magnifiques clichés.
© Sarah - Le HibOO

vendredi 1 octobre 2010

Nouvelle vidéo d'UNDER BYEN: "Unoder"



Traditionnellement l'automne est une période très riche en sorties musicales de qualité. C'est donc en toute logique que je vais vous parler de la nouvelle vidéo extraite du dernier album d'Under Byen sorti en.... janvier.
Ce merveilleux film a été réalisé par le réalisateur Danois d'origine Afghane Manyar I. Parwani qui a notamment réalisé le film Himlen Falder en 2009 et pour lequel Under Byen avait enregistré une très belle version de la chanson traditionnelle Danoise "Du er min øjesten".


Je ne comprends pas un traître mot au danois mais il est plus qu'improbable que Parwani ait adapté les paroles. Il a laissé voguer son imagination pour transposer quelque part en Occident sa vision du Japon traditionnel. Le tout dans un style pas trop éloigné de celui de Matthew Barney et en l'occurrence très théâtral et chorégraphié.

Quand bien même on ne verra jamais "Unoder" en rotation sur MTV il s'agit d'une vraie belle réussite esthétique qui met en valeur la qualité intrinsèque de la chanson!


http://www.youtube.com/watch?v=awbo--tH5Bw








mercredi 18 août 2010

Massive Attack à Saint Malo, 14 aout 2010




Est-il plus grande joie pour l’homme de bien que d’avoir le privilège de rencontrer les idoles de ses jeunes années ? La réponse est non et la joie est d’autant plus grande que l’attente fut longue.


Après quinze ans d’une écoute quasi religieuse de Blue Lines , Protection et (surtout) Mezzanine , j’ai enfin eu le privilège dont au sujet duquel que je causais, le privilège donc d’aller voir Massive Attack en concert dans le cadre du Festival La route du Rock à St Malo. Et comme c’était décidément le samedi du bonheur, le groupe avait eu la délicieuse idée d’amener la délicieuse Martina Topley Bird dans ses bagages (Hope Sandoval était dans le coin mais je ne l’ai pas vue, j’espérais pourtant la voir les rejoindre sur scène pour un Paradise circus ).

L’envoûtante voix de Martina ayant hanté les premiers albums d’une autre de mes idoles (Tricky bien sur), le lecteur un tant soit peu concentré sur mon propos aura saisi la félicité qui guidait mes pas dans la gadoue Malouine.


Car oui, y’a bien eu du Massive et de la Martina mais alors, y’a aussi eu de la pluie des grandes occasions, sans doute histoire de nous mettre plus facilement dans l’ambiance humide des soirées Bristoliennes (comme si j’avais besoin des élément pour ça, de quoi je me mêle, vraiment !). Qu’il pleuve en Bretagne au mois d’août n’a rien d’exceptionnel mais qu’il pleuve toute la nuit précédente et toute la journée, je trouve que c’est limite abusif.



Quoiqu’il en soit c’est donc dans une immense pataugeoire que nous avons débarqué en fin d’après midi, accueillis dans l’enceinte du festival par une averse pas piquée des hannetons.

N’étant pas franchement équipé pour ce genre de temps, j’ai assisté à la prestation de Martina depuis la tente de la restauration, bien au sec.

Dommage, j’étais un peu loin pour profiter pleinement de sa prestation mais sa voix précieuse est parvenue à mes oreilles délicates et j’ai ainsi pu saisir des bribes de magie. J’étais bien triste pour la diva, elle ne méritait pas de faire son show devant une poignée de courageux.


On pouvait donc craindre la Berezina pour la prestation des rois du trip hop mais heureusement la pluie a fini par nous lâcher la jambe et je pus donc aller me placer au fin fond de l’enceinte pour assister au show soit à environ 70 mètres de la scène.

Pourquoi si loin me demanderas-tu. Eh bien pour la bonne raison que c’était la zone à peu près praticable pour ceux qui n’avaient pas prévu les bottes. Le reste de l’espace ne ressemblait plus guère qu’à un marécage alors non merci.



Bref, nos stars Anglaises ont commencé leur show aux environs de 23 heures 15 et tout de suite la magie a opéré. Sous la direction de l’omniprésent Robert Del Naja Massive Attack a offert une prestation tout bonnement splendide, essentiellement basée sur des titres du dernier opus Heligoland et du chef d’œuvre Mezzanine ( Safe from arm était le seul rescapé des deux premiers albums du groupe).


Il est généralement compliqué de fournir un bon son en extérieur mais cette fois la densité sonore du groupe a été parfaitement servie. C’est sous un déluge réglementaire de basse que j’ai pu apprécier la qualité du mix sur l’ensemble des chansons. Rien ne manquait entre les voix, les effets de guitare, la batterie électronique et les samples. Il n’en fallait pas plus pour entraîner les milliers de fans dans une folle danse vaguement tribale (à savoir un balancement de la tête, des épaules et du bassin). Car oui le trip-hop fait danser, pas besoin de sauter dans tous les sens !


Alors quid des chansons ? Étant donné que j’étais à fond dans ma transe et que je n’ai pas une mémoire fabuleuse, je suis incapable d’établir une setlist de la soirée.

Je me souviens juste qu’on a eu droit à Babel , une nouvelle version de Teardrop magnifiée par Martina, un Splitting the atom porté par le flow ténébreux de Daddy G. (brrrrrrr), Girl I love you et Angel avec Horace Andy (le loveyouloveyouloveyouloveyou rend toujours terriblement bien !) et Risingson (avec peut être Mezzanine , je ne suis pas sur) avec Daddy G et 3D.


Comme si cette sélection de haute tenue ne suffisait pas Massive Attack dispose d’un dispositif visuel tout à fait fascinant avec le défilement de messages à caractère hautement alter-mondialiste qui a fait la joie des fans de l’anti-sarkozysme primaire (dont je suis). L’on apprit donc le salaire du patron de BP, quelques messages sur Madame Betencourt, les statistiques de la garde à vue dans le monde etc. C’est beau, c’est sans doute nécessaire mais ça m’a un peu déconnecté de la prestation musicale pendant un temps (avoir à ses côtés un énergumène identifié qui hurle sa haine de Sarko ça aide pas à la concentration !!).

Après environ une heure vingt de spectacle total le rappel, un Atlas Air apocalyptique a fini de mettre le public à genoux.


Je ne savais pas trop qu’attendre des vieilles gloires du tri-hop et je ne peux que les remercier de nous avoir délivré ce soir-là une prestation tout bonnement magique.



Heureux veinard qui aura l’occasion de les voir prochainement au festival Rock en Seine !


mercredi 31 mars 2010

GET WELL SOON au Cactus Club, Brugges 14 mars 2010 et à La Cigale, Paris 16 mars 2010


Je ne vais pas mentir, je ne connaissais pas la moindre chanson de la bande de Konstantin Gropper une semaine avant de me déplacer pour le premier show.

Je me suis donc farci en boucle le dernier album Vexations pendant quelques jours, histoire de me faire une bonne idée de ce à quoi pourrait ressembler la prestation des Allemands en première partie d'Under Byen. Cette débauche de pop lyrique et démesurément ambitieuse m’a tellement emballé que je me suis empressé de commander l’édition double cd de l’album et c’est donc en toute confiance que je m’en suis allé arpenter les terres Belges.

Confiant, je l’étais mais bon, malgré tout leur talent j’avais du mal à imaginer que Get Well Soon puisse me laisser un grand souvenir: de mémoire de groupie des Danois, tous les groupes que j’ai pu voir passer avant ou après ont paru purement anecdotiques et je dois retourner voir mes billets d’entrée pour me souvenir leurs noms (exception faite pour Our Broken Garden parce que, parce que, bon). C’est ce que j’appelle l’effet Under Byen .

Bref d’entrée de concert j’ai été agréablement surpris par l’excellence du son, à la fois puissant et clair. Et je fus donc embarqué pour une bonne heure dans l’univers de Konstantin et de ses cinq compagnons.
Je ne sais vraiment pas si les comparaisons avec Radiohead ou Arcade Fire se justifient mais Get Well Soon sait aujourd’hui imposer un style qui lui est propre, un savant mélange entre envolées fiévreuses (issues essentiellement du premier album dont un imparable If this hat is missing) et moments plus posés (A voice in the Louvres notamment ou Tick tack pendant lequel le groupe laisse Konstantin et sa sœur seuls sur scène).

La voix de Konstantin était d’une justesse imparable et bien aidée par des musiciens jouant avec une cohésion rare. Tout cela était donc extrêmement bien joué, peut être trop carré pour déclencher la folie des premiers concerts d’Arcade Fire par exemple mais comment pouvait-il en être autrement avec des projections vidéos qui demandaient une synchronisation parfaite avec le son (les chœurs du fabuleux We are Ghosts par exemple étaient diffusés par la vidéo)?

Aaah ces vidéos, elles n’ont pas fini de faire débat je pense ! Personnellement je ne pense pas qu’elles dispersent le public de la prestation live, bien au contraire. J’avais rarement vu la vidéo utilisée aussi intelligemment dans un concert. D’une beauté à couper le souffle, elles se marient à la musique live et créent une admirable fusion (l’inquiétant clip d’Angry young man ou We are Ghosts, donc et les gros plans de Konstantin captés live par une petite caméra située au niveau de son micro).

En conclusion, Get Well Soon a produit ce soir-là une prestation de premier ordre et a su déjouer l’effet Under Byen (à tel point que les pauvres Danois ont paru bien fades en comparaison, mais c’est une autre histoire).
____________________

Fort du souvenir enthousiasmant de cette découverte c’est avec une belle excitation que je suis retourné voir Get Well Soon deux jours plus tard et à Paris cette fois dans la très belle Cigale.
Cette vieille salle de spectacle est l’écrin rêvé pour la musique de Gropper, on la croirait avoir été créée pour cela (démagogie ou sincérité, Konstantin a d’ailleurs déclaré que cette salle était un de ses endroits préférés).

Les sympathiques Américains de Musée Mécanique ont ouvert la soirée avec leur folk West Coast très propre et franchement agréable. Bon, on ne peut pas appeler ça « chauffer une salle », leur musique n’ayant pas pour vocation de déclencher la furie mais pas grave, de toute façon le public était visiblement déjà prêt à en découdre avec les Allemands. Après le départ du trio sous les applaudissements, Get Well Soon a pu s’approprier la scène et mettre à genoux une foule enthousiaste.
Reprenant la setlist du Cactus Club, le groupe a eu la bonne idée de rajouter une touche d’énergie supplémentaire qui a enflammé la Cigale ( Lost !…, If this hat is missing… encore une fois impeccables).

Après environ 1h 45 le groupe a achevé sa prestation par un quatrième et ultime rappel I sold my hands… habité. Les 800 privilégiés qui ont assisté à ce merveilleux concert ont très lentement quitté la salle comme pour prolonger encore cet instant de magie.

Comment dés lors ne pas placer ce concert dans le top5 de mes expériences live ?
Il me tarde déjà de revoir Konstantin, sa sœurette et leurs amis offrir un tel moment de bonheur.
J’espère maintenant en retrouver une trace (le concert semble avoir été partiellement filmé et un car Radio France campait devant l’entrée).


Setlist :

Seneca’s silence
People magazine front cover
We are free
5 steps/7 swords
A voice in the Louvre
Listen! Those lose lost at sea sing a song on Christmas day
Werner Herzog gets shot
That love
If this hat is missing I have gone hunting
We are ghosts
A burial at sea
Ticktack! Goes my automatic heart
Angry young man
We are the Roman Empire

(rappels à La Cigale)
Jesus etc. (reprise de Wilco) avec Musée Mécanique
Help to prevent forest-fires
Lost in the mountains of the heart
I sold my hands for food so please feed me

Bienvenue

"Ô le beau blog que voila!" dira avec une grande indulgence le visiteur généreux que tu es.
Et tu auras raison car il sera question ici de musiques enivrantes, d'artistes possédés et d'albums plus passionnants les uns que les autres.

Cette page ne sera que calme, luxe, volupté et cui-cui d'oiseaux sauf quand il s'agira de brutalité bestiale, de dissonances rédhibitoires voire de cris effrayés de jeunes vierges sacrifiées (ce qui sera plus rare mais terriblement plus vendeur).
Tout cela te sera servi dans un déluge littéraire dont la finesse de style et la richesse lexicale feraient pâlir Proust et tous ses obscurs petits camarades écrivaillons de supérettes (*).

Ah, petit Veinard que tu es, va!


(*) Toi aussi, ami rastaquouère, retrouve la verve de ma plume dans ta langue maternelle grâce à l'extraordinaire qualité du traducteur Google qui restitue avec une maestria confondante toutes les subtilités, qui en anglais, qui en polonais ou javanais ("You too, friend adventurer, finds the vein of my pen in your native language thanks to the extraordinary quality of Google translator, who renders a masterful confusing subtleties, which in English, which in Polish or Javanese")