mercredi 18 août 2010

Massive Attack à Saint Malo, 14 aout 2010




Est-il plus grande joie pour l’homme de bien que d’avoir le privilège de rencontrer les idoles de ses jeunes années ? La réponse est non et la joie est d’autant plus grande que l’attente fut longue.


Après quinze ans d’une écoute quasi religieuse de Blue Lines , Protection et (surtout) Mezzanine , j’ai enfin eu le privilège dont au sujet duquel que je causais, le privilège donc d’aller voir Massive Attack en concert dans le cadre du Festival La route du Rock à St Malo. Et comme c’était décidément le samedi du bonheur, le groupe avait eu la délicieuse idée d’amener la délicieuse Martina Topley Bird dans ses bagages (Hope Sandoval était dans le coin mais je ne l’ai pas vue, j’espérais pourtant la voir les rejoindre sur scène pour un Paradise circus ).

L’envoûtante voix de Martina ayant hanté les premiers albums d’une autre de mes idoles (Tricky bien sur), le lecteur un tant soit peu concentré sur mon propos aura saisi la félicité qui guidait mes pas dans la gadoue Malouine.


Car oui, y’a bien eu du Massive et de la Martina mais alors, y’a aussi eu de la pluie des grandes occasions, sans doute histoire de nous mettre plus facilement dans l’ambiance humide des soirées Bristoliennes (comme si j’avais besoin des élément pour ça, de quoi je me mêle, vraiment !). Qu’il pleuve en Bretagne au mois d’août n’a rien d’exceptionnel mais qu’il pleuve toute la nuit précédente et toute la journée, je trouve que c’est limite abusif.



Quoiqu’il en soit c’est donc dans une immense pataugeoire que nous avons débarqué en fin d’après midi, accueillis dans l’enceinte du festival par une averse pas piquée des hannetons.

N’étant pas franchement équipé pour ce genre de temps, j’ai assisté à la prestation de Martina depuis la tente de la restauration, bien au sec.

Dommage, j’étais un peu loin pour profiter pleinement de sa prestation mais sa voix précieuse est parvenue à mes oreilles délicates et j’ai ainsi pu saisir des bribes de magie. J’étais bien triste pour la diva, elle ne méritait pas de faire son show devant une poignée de courageux.


On pouvait donc craindre la Berezina pour la prestation des rois du trip hop mais heureusement la pluie a fini par nous lâcher la jambe et je pus donc aller me placer au fin fond de l’enceinte pour assister au show soit à environ 70 mètres de la scène.

Pourquoi si loin me demanderas-tu. Eh bien pour la bonne raison que c’était la zone à peu près praticable pour ceux qui n’avaient pas prévu les bottes. Le reste de l’espace ne ressemblait plus guère qu’à un marécage alors non merci.



Bref, nos stars Anglaises ont commencé leur show aux environs de 23 heures 15 et tout de suite la magie a opéré. Sous la direction de l’omniprésent Robert Del Naja Massive Attack a offert une prestation tout bonnement splendide, essentiellement basée sur des titres du dernier opus Heligoland et du chef d’œuvre Mezzanine ( Safe from arm était le seul rescapé des deux premiers albums du groupe).


Il est généralement compliqué de fournir un bon son en extérieur mais cette fois la densité sonore du groupe a été parfaitement servie. C’est sous un déluge réglementaire de basse que j’ai pu apprécier la qualité du mix sur l’ensemble des chansons. Rien ne manquait entre les voix, les effets de guitare, la batterie électronique et les samples. Il n’en fallait pas plus pour entraîner les milliers de fans dans une folle danse vaguement tribale (à savoir un balancement de la tête, des épaules et du bassin). Car oui le trip-hop fait danser, pas besoin de sauter dans tous les sens !


Alors quid des chansons ? Étant donné que j’étais à fond dans ma transe et que je n’ai pas une mémoire fabuleuse, je suis incapable d’établir une setlist de la soirée.

Je me souviens juste qu’on a eu droit à Babel , une nouvelle version de Teardrop magnifiée par Martina, un Splitting the atom porté par le flow ténébreux de Daddy G. (brrrrrrr), Girl I love you et Angel avec Horace Andy (le loveyouloveyouloveyouloveyou rend toujours terriblement bien !) et Risingson (avec peut être Mezzanine , je ne suis pas sur) avec Daddy G et 3D.


Comme si cette sélection de haute tenue ne suffisait pas Massive Attack dispose d’un dispositif visuel tout à fait fascinant avec le défilement de messages à caractère hautement alter-mondialiste qui a fait la joie des fans de l’anti-sarkozysme primaire (dont je suis). L’on apprit donc le salaire du patron de BP, quelques messages sur Madame Betencourt, les statistiques de la garde à vue dans le monde etc. C’est beau, c’est sans doute nécessaire mais ça m’a un peu déconnecté de la prestation musicale pendant un temps (avoir à ses côtés un énergumène identifié qui hurle sa haine de Sarko ça aide pas à la concentration !!).

Après environ une heure vingt de spectacle total le rappel, un Atlas Air apocalyptique a fini de mettre le public à genoux.


Je ne savais pas trop qu’attendre des vieilles gloires du tri-hop et je ne peux que les remercier de nous avoir délivré ce soir-là une prestation tout bonnement magique.



Heureux veinard qui aura l’occasion de les voir prochainement au festival Rock en Seine !