mardi 7 décembre 2010

Les archives à tonton (part1)

EFTERKLANG: Electroni[K] festival, Rennes 18 oct 2007





Premier constat: la salle Le Tambour à Rennes n'est pas à proprement parler une salle adaptée aux concerts rock mais bien un superbe auditorium (qui fête ses 10 ans cette année) plus souvent voué au classique et à la musique contemporaine. Les confortables fauteuils de velours vous ôtent toute envie de tenter le moindre début de pogo, ils vous enveloppent comme un cocon et bien fortiche celui qui réussira un headbanging...

L'idée de devoir subir une interprétation de Stockhausen en ouverture de soirée me glaça le dos mais me concentrant sur le seul son diffusé par les multiples enceintes, je dois avouer que j'ai pris pas mal de plaisir à l'écoute (certes, il a fallu faire abstraction des poses des musiciens, complètement hors contexte dans le cadre de ce type de festival).


Le temps de descendre vers les premiers rangs, de regarder le groupe installer ses instruments et de saluer Anna, la prestation de Peter Broderick put commencer.

Étonnant garçon que ce Peter, natif de l'Oregon et très récemment adopté par notre combo danois: armé d'un piano, d'une guitare, d'un violon, d'une scie musicale et d'un tuyau de machine à laver, notre jeune songwriter ne la joue pas Remi Bricka. Non, il sample chaque instrument l'un après l'autre et en les empilant crée d'étonnantes harmonies.

Pas clair? Ok, je m'explique, voilà en gros, comment ça marche: d'abord il joue quelques notes de piano qu'il enregistre. Puis repassant cette bande il joue par dessus d'autres notes. Là encore il sample. Ensuite viennent des accords de guitare et/ou de violon, puis des voix et des choeurs etc...

Tout amusant que soit ce système, il serait vite laborieux à suivre avec des chansons médiocres. Ici ce n'est pas un artifice, les chansons de Broderick sont finement ciselées et le garçon met beaucoup de cœur dans sa performance. Le clou de son show fut évidemment pour moi la reprise d'un titre d'Our Broken Garden « my kinship » qui visiblement surprit Anna Brønsted, chanteuse originelle du dit titre et qui accompagne Efterklang sur la tournée en tant que pianiste-chanteuse.

Des applaudissements nourris récompensèrent sa prestation et c'est visiblement ravi qu'il quitta la scène.


C'est vêtus d'une tenue vaguement ridicule que les cinq garçons d'Efterklang arrivèrent sur scène, accompagnés de Peter Broderick au violon (lui aussi affublé de cette étonnante combinaison chemise noire/culotte bouffante et chaussettes aux genoux), d'Anna au piano et d'une joueuse de trombone à la délicieuse moue boudeuse. Casper au chant et aux percussions me sembla dans un état bien second et c'est avec une mine hilare qu'il s'égosilla pendant tout le concert.

Un concert d'Efterklang c'est un peu comme leur musique: impossible à décrire. Comment définir ces chansons à la croisée des chemins entre les évasions sonores d'un Sigur Rós , les bidouillages electro des premiers Múm, les harmonies post-rock de A Silver Mount Zion, l'énergie possédée d'Arcade Fire et la fanfare du carnaval de Dunkerque? A t-on déja entendu un tel mélange de voix typiques de la pop scandinave, d'harmonies aériennes et de déflagrations sonores?

Ça gueule, ça susurre, ça souffle, les différents éléments se mélangent de manière quasi magique pour aboutir à une musique à la fois rêveuse et bien au ras du bitume quand il s'agit de partir dans des séquences ouvertement noisy.

Dire que nos huit compères ont assuré un excellent spectacle n'est pas mentir: une heure (deux, trois? Impossible à savoir tant j'étais immergé) de pur plaisir à la fois sur scène et dans la salle.

Cette tournée automnale étant la première du groupe depuis plus de deux ans, ils étaient ravis d'être là et de constater que les longues semaines de répétitions avaient été tout à fait concluantes, pas un seul couac n'est venu parasiter le spectacle qui a de plus bénéficié de l'environnement sonore de la salle (aucune saturation, chaque instrument, chaque voix était parfaitement distinct et intelligible).


Le groupe avait pioché dans le répertoire de ses deux albums et des ses deux Ep, permettant au public d'entendre toute l'étendue de leur univers et pourtant mon voisin de droite me dit que finalement ça ressemble beaucoup trop à Sigur Rós .... je sais bien que quand on ne connait pas un artiste on a le réflexe à le rapprocher d'autres plus familiers mais là, après ce concert on ne pouvait qu'être ébahi par la profonde originalité de l'univers d'Efterklang, baroque et aérien, délicat et brouillon (et encore les projections vidéo étaient restées à Copenhague)



Grande et belle soirée donc qui se poursuivit avec le DJ-VJ Murcof mais beaucoup de gens avaient rendu le dossard après la sortie de scène de nos Danois. A noter que cela semble être une spécialité nationale de grandement vider une salle après un concert, Under Byen ayant anéanti le show suivant de Yann Tiersen de la même manière lors du Festival Rockomotives de Vendôme il y a à peine un an....

Et voila la setlist du concert:
polygyne
mirador
himmelbjerget
jojo
maison de reflexion
horseback tenors
caravan
step aside
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chapter 6

Une gentille petite vidéo


De gentilles petites photos:

Peter Broderick









toutes les photos sont à mettre au crédit de
Ronan THENADEY

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